[ICT Media STRATEGIES] – Valentin Siméon ZINGA au sujet du livre du Dr Manaouda Malachie sur Paul Biya : « Une ingénierie intellectuelle de mise en cohérence et de mise en sens ».
Le ministre de la Santé publique, le Dr Manaouda Malachie, a dédicacé son nouveau livre intitulé « Les 200 plus belles citations de Paul Biya » ce 27 octobre 2023 à l’Hôtel Hilton de Yaoundé. Un livre de 208 pages compile ce que l’auteur considère comme les plus belles citations du président de la République. Des phrases tirées des discours, déclarations et interviews du président de la République du Cameroun depuis son accession au pouvoir en 1982.
Et pour cette dédicace, c’est le journaliste Valentin Siméon ZINGA qui a été choisi pour la note critique. D’après lui, « au fil des 208 pages de cet ouvrage s’affiche et s’affirme la dimension mémorielle de l’oeuvre adossé sur le rappel des circonstances: les dates, les conjonctures, les occasions à la faveur desquels s’exprime la personnalité politique plurielle du président BIYA »
« Ce travail dévoile une ingénierie intellectuelle de mise en cohérence et de mise en sens de la vision du président BIYA dans des domaines aussi variés que la démocratie, l’économie, la diplomatie, l’insécurité, la gouvernance, le sport et j’en passe », affirme le journaliste.
Dans cet extrait vidéo, la critique du journaliste.
C’était en live streaming sur la page Twitter (X) du ministre : https://twitter.com/DrManaouda/status/1717918342311461279. Live streaming professionnel réalisé par ICT Media STRATEGIES.
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L’intégralité de la note critique de Valentin Siméon ZINGA
Paul BIYA : des discours (re)mis en situation
« Il faut se méfier des évidences. Cette maxime de vie quotidienne pourrait servir de leçon au lecteur pressé de Les 200 plus belles citations de Paul BIYA. Ainsi formulé, le titre de cet ouvrage pourrait en dérouter plus d’un, dans la mesure où il suggère d’emblée que l’on a affaire à quelque essai, d’esthétique littéraire.
Certes, la parole présidentielle y révèle un orateur formé aux Humanités, qui a habitué ses auditoires à une langue châtiée, au propos sobre qui ne s’encombre guère de tournures inutilement amphigouriques.
Mais l’entreprise éditoriale, conçue et conduite par MANAOUDA Malachie, apparaît avant tout comme une incursion dans le verbe présidentiel, qui s’inscrit dans une perspective diachronique. Ce sont en tout 200 extraits de discours à la tonalité forte, tirés d’interviews, d’interventions de circonstance, d’allocutions ritualisées.
Précédés d’un avant-propos de l’auteur, à la fois discours introductif, parole de justification et confession de foi politique, les propos présidentiels sélectionnés, se présentent finalement comme un puzzle discursif, dont chaque pièce compte.
Ce travail dévoile une ingénierie intellectuelle de mise en cohérence, et de mise en sens de la vision du président BIYA, dans les domaines aussi variés que la démocratie, l’économie, la diplomatie, l’insécurité, la gouvernance, le sport …
Au fil des 208 pages de cet ouvrage, s’affiche et s’affirme la dimension mémorielle de l’œuvre adossée sur le rappel des circonstances (date, conjoncture, occasions) à la faveur desquelles s’exprime la personnalité politique plurielle qu’est le président BIYA.
Ici, c’est le Président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Prononçant par exemple le discours d’ouverture et de politique générale lors du 1er Congrès ordinaire du RDPC à Yaoundé le 28 juin 1990, il dit : « Notre parti est fort, certes, mais il doit dès aujourd’hui se préparer à une éventuelle concurrence. Sachez donc vous y préparer, en défendant vos idéaux de paix, de liberté, de tolérance. Vos meilleures armes sont votre sincérité et votre foi dans l’idéal démocratique » (p.63).
Là, c’est le président du « parti proche du pouvoir » candidat naturel aux élections présidentielles, et fraîchement élu, qui livre sa vision de la République, comme dans son discours de prestation de serment à l’Assemblée Nationale, le 03 novembre 2011 : « La République exemplaire que nous bâtissons est une République ouverte aux critiques constructives, sans revendication du monopole de la vérité. La République exemplaire est une République de liberté, de tolérance et de civisme ». (p.37)
Plus loin, c’est le Chef de l’Etat, dans le cadre d’un rituel républicain, qui est en scène (notamment les messages à la jeunesse ou à la Nation). Illustration : « J’ai toujours pensé que le terrorisme était une menace globale, nécessitant une réponse globale ». C’était le 31 décembre 2015. (p.119). on peut naturellement multiplier ces références, Il y en a en tous cas 200…
Ce qui est marquant, c’est que le lecteur est ainsi invité à un voyage dans le temps (quelques quatre décennies), comme entrainé dans une véritable plongée dans les archives, qui vaut aussi immersion dans la pensée politique du président Paul BIYA. Grâce à cette approche, des propos prononcés en diverses circonstances, et inscrits dans l’imaginaire socio-discursif camerounais, – dont certains ont valeur de « petites phrases » selon le vocabulaire de la communication politique contemporaine-, sont re-situés (situés à nouveau)et restitués (retranscrits) dans la trame historique de leur énonciation. Ce n’est pas le moindre des mérites de cet ouvrage.
Ce faisant, Les 200 plus belles citations de Paul BIYA laissent apparaître leurs lignes d’originalité, si du moins on compare l’option éditoriale dont se soutient ce livre, avec certaines initiatives, ou travaux que l’on pourrait situer dans des registres plus ou moins proches.
A titre d’illustration, MANAOUDA Malachie s’abstient de commenter les citations sélectionnées. Il se distingue ainsi du travail d’Hubert MONO NDJANA, portant sur Les proverbes de Paul BIYA. Dans ce livre paru en …1997, le philosophe, s’appuyant sur dix propos célèbres du Chef de l’Etat camerounais, se proposait de, (je le cite) : « rappeler quelques-uns de ces proverbes, de les situer dans leurs contextes d’origine, d’en manifester l’actualisation dans des situations différentes, d’esquisser une interprétation qui pourrait mettre à l’abri des contresens et, également, d’indiquer la corrélation implicite qui les entrelace, dans laquelle ils se répondent les uns aux autres ».
Les 200 plus belles citations de Paul BIYA se situent dans une perspective différente. De fait, le livre n’est pas à proprement parler, un traité d’herméneutique politique. Pas plus qu’un recueil d’allocutions sélectionnées et publiées in extenso ou partiellement, assortis de commentaires, comme on l’a vu il y a quelques années, avec le livre, Paul BIYA parle au Cameroun, à l’Afrique et au Monde, du journaliste Cyrille KEMMEGNE.
La démarche de MANAOUDA Malachie, se veut plus pragmatique, sans autre prétention que celle d’un humble « admirateur » du président BIYA, soucieux de contribuer à sa manière, à fixer et rappeler les repères d’une parole peu ordinaire, investie d’un incontestable prestige institutionnel. Lui-même le confesse d’ailleurs :
« L’idée de départ de ce recueil des meilleures citations du Chef de l’État est de saisir la ligne directrice de la parole présidentielle, sa cohérence, sa progression et son adaptation aux temps, aux circonstances, aux lieux et à l’auditoire. Nous avons revisité les discours, interviews et déclarations énoncés par le président de la République du Cameroun, Paul Biya, depuis le 06 novembre 1982, afin d’appréhender le fil rouge d’une parole qui ne vieillit pas, traverse les générations sans prendre une ride. J’en ai tiré 200 citations qui me semblent traduire, avec une subjectivité assumée, la dimension d’homme d’État, d’idéologue autant que d’homme d’action, de leader et d’orateur hors-pair. »
Alors, sans doute convient-il de ne pas être distrait sur quelque parachronisme. (p.69)
Sans doute sied-il d’être attentif au format plutôt pratique du livre, peu encombrant.
Sans doute faut-il aussi s’attarder sur la page de couverture où il apparaît que plus des quatre-cinquièmes de la surface sont consacrés au titre et à une photo imposante du président BIYA ; le nom du maître d’ouvrage, -qui est pour la circonstance le maître d’œuvre-, figurant en petits caractères en pied de page, comme si l’humilité le contraignait à une certaine discrétion. A certains égards, la forme fait alors sens.
Et dans ce registre justement, le lecteur querelleur aurait peut-être souhaité voir un façonnage plus méticuleux à la hauteur de l’ambition et de la promesse.
Sans doute également, le confort de lecture aurait-il pu bénéficier d’un guidage selon des « entrées » thématiques (démocratie, économie, sport, corruption), chronologiques (selon un classement par année), ou alphabétiques (chaque extrait sélectionné faisant référence à une lettre de l’alphabet). Après tout, en la matière, existe-t-il des références canonisées, des cadrages absolus ?
Quoi qu’il en soit, l’option prise n’altère en rien ni le sens politique, ni la dimension militante, ni la portée pédagogique de ce livre qui, à coup sûr, servira bien, au-delà des découpages « idéologiques », des frontières partisanes, et des disparités générationnelles.
Espace de ressourcement pour certains, boussoles d’actions pour d’autres, outil de travail pour d’autres encore, Les 200 plus belles citations de Paul BIYA ne laisseront pas indifférents ceux qui s’intéressent à la vie des idées et aux pratiques politiques de ces quarante dernières années au Cameroun.
Je vous remercie de votre indulgente attention. »
Par Valentin Siméon ZINGA
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